Le four à pain
Dans les Landes, presque chaque ferme possédait son four à pain.
Lorsque les fours sont isolés, on parle de fours collectifs.
Les fours à pain landais ont une forme ronde, circulaire car c'est la forme la plus avantageuse pour rassembler la chaleur et pour la répartir le plus uniformément possible dans l'espace chauffé.
En raison des vents dominants, la bouche du four est à l'Est.
La voûte du four présentant l'aspect d'un demi oeuf forme l'espace de chauffe et de cuisson.
La sole est la surface sur laquelle est placé le bois de chauffage puis le pain.
L'ouverture du four appelée gueule ou bouche est obturée avec une porte dite bouchoir pendant la cuisson afin que la chaleur et la vapeur ne puissent s'échapper.
C'est par cette porte que le bois est introduit dans le four, qu'on contrôle la cuisson, que les braises sont remuées, que la pâte est enfournée et que les pains sont retirés.
Autrefois, tous les dix jours environ, les femmes faisaient le pain avec la farine de seigle moulu aux moulins de Losse et d'Estampon.
Manches relevées, dans la maie profonde, les femmes pétrissaient la pâte à grands efforts de bras.
Dès le matin, le feu de brande était allumé afin d'accumuler une braise active qui était répartie le long des parois.
Une poignée d'épis de seigle jetée au four donnait par sa couleur la température à laquelle les femmes pouvaient enfourner la pâte qui avait levé dans les paillassons ronds.
Il fallait voir leur coup de main et leur adresse à manipuler la grande pelle de bois.
Les femmes modelaient avec des boules de pâte des petits pains qu'elles fendaient en deux pour y glisser un morceau de jambon.
A la cuisson, le gras fondait et imprégnait la pâte.
Beaucoup de lossais gardent un souvenir ému de la saveur de ces "coques", nom donné à cette friandise rustique.
Les heures passant et la provision de pain terminée, le four conservait assez de chaleur pour sécher le maïs de la cruchade, puis le duvet des oies et des canards.
Après avoir accompli sa tâche, le four refroidissait lentement.
Les pains cuits dans les fours à pain du village de Losse ont souvent servi de monnaie d'échange à Gabarret à l'époque amère des cartes d'alimentation.
Au village, pendant la guerre, il y a toujours eu du bon pain et il a d'ailleurs été généreusement partagé avec les Alsaciens chassés de chez eux.
Les fours à pains permettaient également aux lossaises de réaliser de fins et savoureux "Pastis bourrit".
Le four à pain situé au bourg de Losse est le témoin du passé des lossaises et lossais, il a vu les larmes silencieuses des femmes ayant perdu leurs hommes fauchés de leur jeunesse par la guerre, il a pu observer avec attendrissement de nombreux couples se former et entendre les rires et cris de joie des enfants.
Fermez les yeux et souvenez-vous des odeurs, des goûts de votre enfance.